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28 octobre 2014 à 14:43

Le vieil homme et la montagne extrait du JIR grand raid 2014

 

Trail

Le vieil homme et la montagne

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JIRLe vieil homme et la montagne 

En passant la ligne d'arrivée dimanche matin à la Redoute, Jean-Paul Ouceni a forcé l'admiration de son petit-fils Julien et de sa fille Florence.

     

En cumulant 21 années de présence sur la Diagonale des fous, à 56 ans, Jean-Paul Ouceni symbolise à lui seul le combat de l'homme avec la nature.

Jean-Paul Ouceni a bouclé son 14e Grand raid

Il est loin du standing d'un François D'Haene ou d'un Kilian Jornet. Plus que jamais éloigné de posséder le palmarès de ces deux champions hors du commun. Pourtant, Jean-Paul Ouceni est un athlète d'exception avec une feuille de route impressionnante.

Dimanche matin, le Sainte-Marien de 56 ans a bouclé son 13e Grand Raid. Si on ajoute dans son panier, son passage sur l'ancêtre de la Diagonale des Fous, lors de la Grande Traversée en 1991, on porte le total à 14. Déjà un record !

Et si on veut pousser le bouchon un peu plus loin en comptant ses cinq abandons, sa participation au semi-raid et une autre comme bénévole, il porte dans sa besace 21 participations en 22 ans. Cela force évidemment le respect ! "J'ai manqué deux départs, une première fois lorsque ma fille s'est installée en métropole. Et la deuxième, je n'avais pas été tiré au sort, je me suis donc inscrit comme bénévole", livre Jean-Paul sans se souvenir des dates précises.

En revanche, c'est une véritable mémoire vivante pour raconter sa folle histoire avec la Diagonale des Fous. "J'ai commencé à 34 ans, par hasard. Je n'avais jamais fait de sport. J'ai parrainé un copain pour qu'il paye moins cher son inscription. À l'époque, cela m'avait coûté 600 euros et pour lui c'était 400 je crois. Euh non ! C'était des francs, excusez-moi." Une autre époque effectivement.

Il tombe littéralement amoureux de cette course lorsqu'il atteint la mairie de Sainte-Marie, lieu d'arrivée de la Grande Traversée en 1991. "Mon ami avait abandonné. Moi, j'avais tenu le coup, j'étais fier de ça. C'est là que j'y ai pris goût. Et dire que mon poids était de 90 kilos et que je portais un sac de l'armée qui en pesait 15", nous remémore-t-il.

Ce n'est que le début des anecdotes. Et cela pourrait durer des heures tant Jean-Paul Ouceni est un véritable livre ouvert sur le Grand Raid. "Ah bon ! est surpris Jérôme Lépinay, son gendre, le champion de rallye. C'est quelqu'un qui ne parle pas beaucoup généralement. Vous m'étonnez." Et ses récits sont parfois étonnants. Tel un sacré conteur de la trempe d'un Sully Andoche, il vous emporte dans des histoires à dormir debout. Parfois cocasses, mais qui prêtent toujours à sourire. Comme cette fois où pendant 70 kilomètres, "j'ai eu mal au ventre, j'ai dû m'arrêter toutes les dix minutes et baisser mon short. Quand je suis arrivé à la Plaine des Merles, une dame de l'assistance m'a encouragé à continuer car je n'avais pas eu encore pour mon argent. Si elle savait... J'avais déjà eu mon compte, rigole-t-il aux éclats. Je crois que c'est à cause de l'eau."

Oui, car en vingt-deux ans, Monsieur ne se ressource qu'avec de la flotte naturelle. "Il ne veut pas entendre parler des produits. Même pas ceux qui t'apportent des sels minéraux. Pour lui, c'est chimique. Il n'a pas confiance", explique clairement son beau-fils. "Je n'ai jamais eu de Camelbak non plus. Je transporte une bouteille d'eau vide et une pleine. Je m'approvisionne dans les sources que je trouve sur mon chemin et je m'alimente au point de ravitaillement", embraye Jean-Paul.

Et il ne se prive jamais de rien. Même lors de sa période de préparation. "Je mange normalement. Mon corps à ses habitudes. Je ne vais pas changer. Ceux qui veulent modifier leur alimentation, ils doivent le réaliser très, très longtemps à l'avance pour que le corps s'adapte. Mais moi, je vais bien comme ça."

Son palmarès parle pour lui. Ses cinq abandons ne l'ont jamais découragé, même quand il est tombé dans les pommes en 1998. "Vous pouvez vous entraîner comme vous voulez, avaler tous les produits qui vous donnent soi-disant de l'énergie, cette course, c'est avant tout un combat mental contre soit même. Quand je fais une sortie, quel que soit le lieu, je me fais déposer et je rentre à pied à la maison. Je n'ai pas de téléphone sur moi. Je donne une tranche horaire d'arrivée à ma femme pour qu'elle ne s'inquiète pas. Quand je décolle, je me dis qu'il faut que j'arrive à la maison pour dormir dans un bon lit, dans mon lit !"

Une recette qui fonctionne. Et c'est tous les jours comme ça. Le préparateur de voiture chez Peugeot prend un malin plaisir à descendre et remonter chez lui à pied à la Grande-Montée. "Vous m'avez peut-être croisé une fois sans y faire attention, nous lance le marcheur fou. Je pars le matin à 7 heures et j'arrive au boulot à 8h30. Et le soir c'est pareil." Vraiment un drôle d'oiseau ce Ouceni à qui on n'a pas hésité à demander son avis très éclairé sur l'évolution du Grand Raid. "Il n'y a pas de doute, l'organisation s'est nettement améliorée au fil des années. Mais la mentalité des coureurs a changé. Avant, quand on croisait quelqu'un en difficulté, les gens s'arrêtaient pour l'aider. Aujourd'hui, si on pouvait vous marcher dessus, on ne se gênerait pas..."

Ce manque de solidarité est également la raison pour laquelle selon lui, les Réunionnais ne gagnent plus. "Regardez les Kenyans lorsqu'ils s'alignent à plusieurs sur un marathon. Ils ont une tactique pour faire gagner l'un des leurs. Ils ne regardent pas le bout de leur nez. Ici, on est plus solidaire avec les produits énergétiques, ironise avec malice ce vieux de la vieille avant de fermer cette parenthèse. On a besoin d'une équipe soudée si nous voulons à nouveau figurer en haut de l'affiche."

Lui ne court pas derrière la gloire. Les larmes de sa fille, dimanche sur la ligne d'arrivée, ont suffi à son immense bonheur. "J'ai commencé quand elle avait huit ans, vous vous rendez compte ? Cela n'a pas toujours été facile au niveau de l'organisation mais elles ont toujours été conciliantes les femmes à la maison", avoue-t-il avec une grande franchise.

Et il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. "Je souhaite y participer jusqu'à mes 70 ans" annonce Jean-Paul Ouceni. Il pourra alors continuer à compléter son formidable livre d'histoires. Et nous, de s'en délecter. À bientôt donc.

Christophe Coindevel

Commentaires

Christie Desby est devenu membre plus de 5 ans
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1-0
US STE ANNE / SENIORS 1 plus de 8 ans
US STE ANNE / SENIORS 1 : résumé du match plus de 8 ans
0-0
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FC MOUFIA / SENIORS 2 : résumé du match plus de 8 ans
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CS ST ANDRE / SENIORS 1 : résumé du match plus de 8 ans
2-2
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2-3
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2-0
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